Groupe ethnique peuplant la région du Mekong, les Akhas du Laos sont originaires du Yunnan, une province de Chine. Une guerre au 19ème siècle, ainsi que le régime communiste chinois ont provoqué leur migration en masse vers le sud. Il y aurait environ 80 000 Akhas peuplant les montagnes du nord du Laos, ayant leur propre religion et leur propre langue. Ne représentant qu une infime partie du Laos, les Akhas ont dû s’adapter à une vie de minorité. Ils vivent paisiblement dans des petits villages d’une cinquantaine de maisons, où ils sont environ 300.

Cette ethnie possède un riche patrimoine culturel, transmis par tradition orale, et joui d’un mode de vie très spécifique. Ils sont animistes et ont recours au chamanisme. Leurs croyances sont ainsi peuplées d’esprits qui veillent sur eux et les protègent, ou à l’inverse, sont responsables de leurs malheurs. Qu’ils soient bons ou mauvais, les Akhas vivent au quotidien avec ces esprits, et ont de nombreux rituels et cérémonies organisés pour les honorer. Ils ont toujours vécu en autosuffisance, dépendants de la nature et de la récolte pour subvenir à leurs besoins. Mais depuis quelques années, face à la diminution des ressources naturelles, aux différentes volontés du gouvernement et à l’apparition du monde moderne, leur communauté est en danger.

tirage photo fileuse de coton chez les akhas du laos

L’apparence des femmes Akhas est unique. Elles portent souvent des coiffes ornées de pièces en argent, de plumes et de perles. Ces coiffes sont symboles de prestige, et les ornements de celles-ci varient en fonction de l’âge et du statut de sa famille. Les femmes possèdent aussi les dents teintes d’une couleur rouge, conséquence des feuilles de bétel qu’elles mastiquent sans cesse. Utilisées pour leurs vertus thérapeutiques, c’est aussi un signe de beauté dans la communauté.

tirage photo feuilles de betel chez les akhas du laosUne femme Akha déambule dans les allées du village de Nam Yang.

 

Les us et coutumes de la communauté sont régis par certaines règles et codes d’ordre spirituel. À l’entrée de chaque village, une porte construite à l’aide de bambous est placée. Elle indique la limite entre le monde des humains, et celui des esprits. Chaque habitant doit obligatoirement passer à travers cette porte, qui permet de bloquer les mauvais esprits voulant entrer dans le village. Nombreuses sont les pratiques spirituelles et mystérieuses, leur permettant d’évoluer au quotidien en toute sérénité et dans le respect de leurs traditions ancestrales.

tirage photo flutiste chez les akhas du laosAprès avoir entièrement fabriqué une flûte en bambou, il est temps de tester sa mélodie.

Il règne chez les enfants Akhas un incroyable sentiment d’épanouissement. Déambulant dans les allées du village, ils semblent tous appartenir à une même famille, et semblent vivre pleinement leurs années d’insouciance. Ils aident leurs parents quand il est nécessaire dans les champs ou à la maison, et le reste du temps, s’amusent avec les animaux du village ou leurs amis.

tirage-photo-jeux-artisanaux-chez-les-akhas-du-laosChaque soir dans le village de Nam Yang, les enfants se retrouvent sur leur aire de jeux, un gigantesque terrain de boue.

Les esprits sont omniprésents dans la vie des Akhas. Ce sont eux qui régissent leur quotidien et qui sont responsables de leur bonheur ou malheur. Les Akhas s’efforcent de faire des offrandes aux esprits de la nature et à ceux de leurs ancêtres pour que ceux-ci veillent sur eux et les protègent des maladies, mauvaises récoltes, accidents, envoûtements et autres malheurs.

Le chef du village qui nous hébergeait souffrait de terribles douleurs au genou depuis plusieurs jours. Ni la médecine traditionnelle, ni l’opium ne calmait sa douleur. En dernier recours, il décida de demander l’aide de ces ancêtres. C’est ainsi que nous quittions le village pour s’immerger dans la forêt et capter l’attention des esprits, pour leur faire offrande de deux poulets. Après une longue marche, le petit groupe s’arrêta brusquement à un endroit qu’il estimait propice pour rentrer en contact avec les esprits de la forêt. Les Akhas, en état de transe, se lancèrent ainsi dans de longues prières et incantations en faveur des esprits, puis cuisinèrent selon un rituel particulier les poulets. Nous avons dégusté les poulets jusqu’au dernier œil, et selon les Akhas, les douleurs du chef de village allaient disparaître dans les jours qui suivent.

tirage photo rituel animiste chez les akhas du laosCuisson d’un poulet destiné à être offert aux esprits pour quils viennent en aide au chef du village.

RENCONTRE

Certaines rencontres vous marquent plus que d’autres. Des visages, des personnes qui vous suivent et que l’on n’oublie jamais. C’est le cas de Kong, avec qui nous avons eu la chance de partager une grande partie de notre aventure au Laos.

Lorsque nous avons franchi les portes du village de Nam Yang, les individus étaient méfiants à notre égard et restaient plutôt à l’écart, ce qui est tout a fait compréhensible, ceux ci n’ayant pas l’habitude d’avoir de la visite. En revanche, parmi les nombreuses personnes que nous venions de croiser, un petit garçon sortait du lot. Sa gaité et sa curiosité nous ont surpris. Une fois les présentations faites, il nous a fait découvrir tous les recoins de son village et au fur et à mesure du temps, a favorisé notre acceptation de la part de la communauté Akha. Intrigué par notre matériel photo, il ne nous laissait jamais seul durant tout notre séjour. Il s’est établi une véritable relation de partage et d’amitié avec cet enfant.

Kong était différent des autres. Au sens propre comme figuré. Il était autiste. Était-ce la raison pour laquelle aucune barrière n’existait entre lui et nous ? Il ne se méfiait pas de l’inconnu, et laissait libre court à sa nature humaine la plus pure, sans jugement, uniquement avec l’envie de découvrir autrui et de partager.

Et pourtant, il y a quelques années, cet enfant n’aurait pas pu grandir en paix. Dans la communauté Akha, il y a encore peu, on se débarrassait des enfants ayant des troubles mentaux ou physiques, ceux ci étant considéré comme un sort envoyé par les esprits, et pouvant nuire à la sérénité du village. C’est peut être aussi la raison pour laquelle nous nous sommes attaché à ce point à lui.

À l’heure de dire nos adieux, il semblait encore plus fier et heureux d’avoir partagé un peu de son temps avec des étrangers, d’avoir donné et reçu de nombreux enseignements.

tirage photo enfant particulier chez les akhas du laosPortrait de Kong

Au fil du temps, les villages Akhas ont été relocalisés de plus en plus près des villes. Cette proximité améliore le quotidien des Akhas qui sont désormais plus proches des hôpitaux, des marchés et des administrations publiques, mais cette relocalisation des villages commence à avoir des conséquences négatives sur les conditions de cette ethnie. Désormais en contact avec la modernisation, de nombreuses règles et coutumes semblent disparaître chez les Akhas qui paraissent « s’occidentaliser ». La modernisation leur procure de nouveaux désirs qu’ils veulent satisfaire. N’ayant pas de revenus pour assouvir leurs envies, cela génère chez les Akhas un sentiment d’exclusion et de pauvreté.

Ayant de nouvelles préoccupations matérialistes, et étant en contact régulier avec le monde moderne, la nouvelle génération de Akhas tend à oublier leurs traditions et règles ancestrales qui font leur singularité et qui leur permettent d’évoluer au quotidien dans la sérénité.

tirage photo modernisation menacante chez les akhas du laosUne jeune femme hésite entre rejoindre sa communauté à une cérémonie, ou rester seule sur son Smartphone.

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Nos tirages des Akhas du Laos

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