Nomades des mers, les Vézos de Madagascar sillonnent la côte sud-ouest entre Tuléar et Morombé grâce au Lakana, leur traditionnelle pirogue à balancier. Sacrée, la mer à son Dieu et ses esprits qui contrôlent la nature et le climat. Les enfants ne sont considérés comme Vézo que lorsqu’ils apprennent à pêcher, à pagayer ou à nager. Leur identité est marquée par l’instant présent et les compétences acquises pour la pêche ou la natation plutôt que par le sang, les gènes, ou la couleur de la peau. Tout le monde peut ainsi devenir Vézo, en apprenant à naviguer correctement. Leur ouverture d’esprit et leur accueil de l’étranger et de l’inconnu en font un peuple et une identité ethnique particulièrement inspirante. Attaché à sa liberté, le peuple Vézo est, dit-on, parmi les plus heureux de Madagascar. Néanmoins, les conditions de pauvreté, la modernisation de la pêche et l’appauvrissement des ressources en poisson mettent à rude épreuve leur fragile équilibre.

Les Vézos vivent exclusivement de la pêche ; une pêche artisanale, réalisée à bord de leurs pirogues à balancier près des côtes. Traditionnellement, les principales techniques  de pêche se limitaient à la pêche au harpon, à la traine ou aux filets en fibres de baobab tressé. Mais elles se sont rapidement développées et diversifiées avec la pêche au fusil sous-marin, la palangre ou la pêche à la seine. Populaire, la pêche à lumière de nuit est également fréquente. Au coucher du soleil, l’horizon s’emplit de pirogues en quête de plus gros poissons. Ils ramènent alors des carangues, mérous, grand capitaines ou encore des requins.

tirage photo emerveillement enfance chez les vezos de madagascar

Le Laka, pirogue traditionnelle à balancier, est un outil de travail, un moyen de transport et une maison pour le vézo qui navigue souvent très loin de chez lui, parfois pendant des mois pour trouver des eaux plus riches en poisson. Transmis de génération en génération, sa fabrication nécessite un véritable savoir-faire. Le choix et la récupération de l’arbre dans lequel elle sera réalisée mérite une attention toute particulière et peut prendre plusieurs jours.

Si le laka est si important pour les Vézos, c’est qu’ils mènent un mode de vie semi-nomade. Tout au long de l’année, ils sillonnent la côte pour visiter leur famille disséminée, mais aussi pour trouver des régions où les ressources en poisson sont mieux préservées. Ils remontent alors la côte au nord vers Mazanga, Bello sur mer ou encore Morondava pendant plusieurs mois. Vivant au jour le jour et sans souci du lendemain, ils passent alors la nuit en confectionnant des abris temporaires avec leurs voiles.

Les Vézos dépendent totalement des ressources marines. Avec l’arrivée de certains peuples de l’intérieur sur la côte, la surpêche et surtout le développement des pêcheurs industriels, les fonds marins se dégradent rapidement. En parallèle, le réchauffement climatique joue un rôle important dans ces dégradations. L’érosion provoqué par la montée des eaux, emporte de grandes quantités de sable chaque année, recouvrant ainsi le récif qui abrite et nourrit les poissons.

tirage photo erosion chez les vezos de madagascarMaison d’un Vézo et érosion provoquée par la montée des eaux.

Le poisson est séché avant d’être revendu aux collecteurs si les pêches sont assez fructueuses. Traditionnellement, le commerce des Vézos s’effectuait sous forme de troc avec les peuples voisins tels que les Masikoro, agroforestiers. Cependant, l’augmentation des affaires commerciales a transformé l’économie d’échange en économie de marché. L’accroissement de l’exportation des poissons a  stimulé le développement des collecteurs et compagnies d’exportations.

Avec ces développements, certaines techniques de pêche particulièrement destructrices sont apparues, telles que la pêche à la seine, qui ratisse les fonds marins et les coraux. Depuis les années 2000, la taille des filets est passée de 100 à 1000 mètres et l’apparition d’outils “modernes” tels que les masques et les fusils de chasse sous-marins facilitent la pêche. Les ressources en poisson surexploitées diminuent fortement et ne peuvent plus nourrir tout le monde.

Au-delà des impacts de la modernisation, la surpêche est devenue un enjeu majeur au large des côtes de Madagascar, avec des pêcheurs industriels et commerciaux de plus en plus nombreux, malgré les lois internationales qui l’interdisent. En quête de profit à tout prix, ces industries ne se soucient pas de leur impact sur l’environnement et surexploitent les ressources illégalement sans hésiter à faire appel  à la corruption. Une corruption fréquente non seulement dans le cadre de la gestion des ressources marines mais aussi dramatique pour les aides humanitaires dont les dons n’atteignent souvent que très partiellement leur destination.

tirage photo collecteur chez les vezos de madagascarUn collecteur local revient avec un chargement d’eau sur sa charrette à zébu.

Les femmes prennent essentiellement le relais après la pêche, et s’occupent de vendre le poisson rapporté par les hommes. Reconnaissables aux masques qu’elles portent sur leur visage, elles se protègent la peau du soleil et de l’air marin à l’aide d’une pâte faite à partir de l’écorce de Tamarin frotté avec de l’eau et souhaitent garder une peau la plus blanche possible.

Au lever du soleil, l’une des premières préoccupations est la collecte de l’eau douce nécessaire pour boire, faire la cuisine et se laver. En effet, la région est très sèche et les ressources en eau potable sont rares. Ils doivent quotidiennement chercher l’eau à pied, et creuser dans les dunes pour faire ressortir une eau filtrée par le sable. Une femme peut ainsi faire 3 à 4 allers retours à pied  chaque jour, portant des sauts de 20L.

tirage photo puits ensables chez les vezos de madagascarUne femme rentre d’une collecte d’eau, creusé dans les dunes pour faire ressortir une eau filtrée par le sable.

Lors des grandes marées basses, les femmes se rendent sur les platiers de récif pour pêcher le poulpe et les concombres de mer. Elles s’arment alors de harpons et de lances qui servent à faire sortir le poulpe de son trou. Le poulpe est alors tué d’un coup rapide sur la tête à l’aide d’une massue en bois. Cette technique, très fréquente, est connue comme le glanage. Malheureusement c’est une technique particulièrement destructrice pour les  coraux, écrasés sous les  pieds des pêcheurs. Néanmoins, grâce à certaines ONG, les Vézos prennent aujourd’hui conscience de cette problématique et commencent à mettre en place des zones protégées, des quotas et des saisons de pêche.

tirage photo masque tamarin chez les vezos de madagascarUne femme, portant un masque de tamarin rentre d’une pêche au poulpe.

Les liens familiaux sont extrêmement importants parmi les Vézos et les anciens sont particulièrement respectés. Ces relations sont d’autant plus importantes pour les Vézos qu’ils déterminent l’accès aux ressources marines et aux équipements de pêche. Les membres d’une famille sont donc très soudés mais les familles se soutiennent également entre elles. Un homme qui rentre de la pêche sera toujours accueilli avec enthousiasme par tous et chacun proposera son aide. Ces valeurs humaines et de partage régissent le quotidien des Vézos et permet l’épanouissement social du groupe.

Le Lakana, pirogue traditionnelle à balancier, est un outil de travail, un moyen de transport et une maison pour le vézo qui navigue souvent très loin de chez lui, parfois pendant des mois pour trouver des eaux plus riches en poisson. Transmis de génération en génération, sa fabrication nécessite un véritable savoir-faire. Le choix et la récupération de l’arbre dans lequel elle sera réalisée mérite une attention toute particulière et peut prendre plusieurs jours.

Si le lakana est si important pour les Vézos, c’est qu’ils mènent un mode de vie semi-nomade. Tout au long de l’année, ils sillonnent la côte pour visiter leur famille disséminée, mais aussi pour trouver des régions où les ressources en poisson sont mieux préservées. Ils remontent alors la côte au nord vers Mazanga, Bello sur mer ou encore Morondava pendant plusieurs mois. Vivant au jour le jour et sans souci du lendemain, ils passent alors la nuit en confectionnant des abris temporaires avec leurs voiles.

tirage photo retour de peche chez les vezos de madagascarAu retour d’une pêche, femme et enfants se précipitent pour aider leur père à remonter la pirogue.

Le « nomadisme » des Vézos a néanmoins reculé depuis que les ressources en poisson sont en déclin. Le temps est d’avantage passé dans les villages, qui restent très près de l’eau dans les dunes malgré le vent qui ensable les maisons. Chaque jour, plusieurs heures sont passées à creuser autour des maisons afin qu’elles ne disparaissent pas sous le sable. Ceci témoigne de l’attachement du Vézo pour son environnement. Hommes de la mer, ils ont besoin de la voir et ne supporteraient pas de vivre à l’intérieur des Terres.

tirage photo arbre de vie chez les vezos de madagascarLe village de Ambohitsabo s’étend dans les dunes de sables qui enfouissent chaque année de nombreuses maisons.

Les pêcheurs sont conscients que les pratiques de pêche actuelles doivent changer en supprimant les techniques destructrices en faveur de nouvelles solutions durables. Leur implication dans cette évolution est non seulement cruciale pour la préservation de l’environnement mais aussi pour leur propre avenir s’ils souhaitent conserver leur identité de Vézo et continuer à vivre de pêche.

La mise en place de cultures d’algues, de concombre de mer et de reforestation des mangroves diminue la quantité de poissons pêchés et contribue à la reconstruction de l’écosystème marin. En s‘adonnant à ces nouvelles activités, les pêcheurs s’inscrivent ainsi dans une démarche durable qui leur permet de continuer à vivre de la mer et de nourrir leur famille, tout en respectant l’environnement et en apportant des réponses et actions concrètes aux enjeux majeurs qui nous concernent tous.

Malgré ces préoccupations, la capacité des Vézos à garder le sourire est impressionnante. Conscients et heureux de vivre dans un environnement aux paysages splendides, ils se contentent de peu et même si une journée passe sans qu’un poisson ne soit relevé dans leur pirogue, les Vézos chantent à longueur de journée. C’est de cette manière qu’ils témoignent leur gratitude à la Terre et aux esprits. Une vie dans l’instant présent, au jour le jour.

tirage photo arc en ciel chez les vezos de madagascarLe sourire et la bonne humeur est toujours présent chez les Vézos, quelle que soit la préoccupation du moment.

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